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Les Misérables

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Les Misérables

by HUGO Victor

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Bruxelles: A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1862. Fine. A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, Bruxelles 1862, 14,5x22cm, 10 volumes reliés. - Edition originale sans mention parue concomitamment avec l'édition de Paris chez Pagnerre. Reliures en demi basane bleu marine, dos à quatre fins nerfs sertis de doubles filets dorés et ornés de caissons dorés richement décorés, plats de cartonnage bleu marine, gardes et contreplats de papier caillouté, tranches mouchetées, reliures anglaises de l'époque. Rousseurs éparses, page de titre du troisième volume légèrement et marginalement salie, quelques épidermures sur certains plats et quelques accrocs sur certaines tranches, certains mors comportant des restaurations. Une correction à l'encre page 208 du volume 3. L'édition originale des Misérables fut légalement établie par trois éditeurs différents, Pagnerre en France, Lacroix en Belgique et Steinacker en Allemagne, mai cette dernière sous l'égide de l'éditeur officiel A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. La question de la prévalence d'une édition sur l'autre agite depuis longtemps le monde de la bibliophilie et les bibliographes sont restés divisés sur cette épineuse question. Carteret et Vicaire par exemple assuraient que l'édition parisienne devait être privilégiée, tandis que Vanderem et Clouzot donnaient la primeur à l'édition belge. Plus qu'une simple question de chronologie, cette dispute bibliographique révèle la complexité de la notion d'édition originale et l'importance symbolique qu'elle revêt pour l'histoire littéraire et en particulier pour cette œuvre magistrale qui compte parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Etrangement, sans que cette question ait été réellement tranchée, l'édition de Bruxelles est aujourd'hui communément décrite comme antérieure à celle de Paris, tandis que l'édition de Leipzig est tout simplement ignorée. Les Misérables seraient donc parus le 30 ou 31 mars chez Lacroix et le 3 avril chez Pagnerre. Les arguments de cette antériorité belge sont cependant tous réfutables, et dès 1936, Georges Blaizot en avait démontré la fragilité. Le premier argument s'appuie sur une lettre de Victor Hugo adressée à Lacroix de 1865 et dans laquelle, le poète qualifia lui-même l'édition belge de « princeps » : « Typographiquement, il faut se régler en tout sur l'édition belge princeps des Misérables, en dilatant plutôt qu'en resserrant » écrit-il au sujet des Travailleurs de la mer qui paraîtront en 1866. Or cette désignation de Hugo n'est en aucun cas une indication bibliographique, comme l'explique Georges Blaizot, dénonçant l'interprétation abusive de P. de Lacretelle et du Dr Michaux : « Le poète précise un point, un seul, très simple, très clair, très précis : l'édition belge princeps (c'est-à-dire la première parue des éditions belges) doit servir de type aux éditions futures. Il dit cela, il dit bien cela, il ne dit que cela. » (Georges Blaizot in Le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1936). En effet à la fameuse édition in-8 succèdera une plus modeste édition in-12 en octobre de la même année. Le second argument est plus important. Il s'appuie sur une lettre d'Adèle Hugo à son mari relatant la rocambolesque aventure de la publication française quatre jours avant la date prévue. Cette lettre sera partiellement reproduite en 1904 dans les œuvres complètes publiées par Meurice et Simon, avec la date supposée du « [31 mars 1862] ». Adèle y raconte les motifs de la précipitation éditoriale française : « Auguste [Vacquerie] nous apprend que Les Misérables paraissent sous trois jours. Étonnement mêlé de satisfaction. Auguste me raconte qu'ils comptaient faire paraître Les Misérables le 7 avril ; que le matin [Noël] Parfait était accouru effaré chez [Paul] Meurice lui dire qu'il sortait de voir aux mains de [Paul] Siraudin, un exemplaire des Misérables qu'il avait acheté la veille à Bruxelles. » Ce témoignage et la datation de la lettre dans ces notes de l'éditeur sont sans doute à l'origine de l'affirmation de l'antériorité de la publication belge. De fait, il est indéniable qu'à cette date, l'édition française n'a pas encore paru, puisque l'imprimeur Claye ne déposera les deux tomes parisiens aux Archives nationales que le lendemain, le 1er avril 1862. L'édition de Lacroix serait donc, en ce sens, véritablement « princeps ». La lettre d'Adèle, n'est en fait pas du 31 mars mais a été écrite sur trois jours : « commencée dimanche (donc le 30 mars) et finie aujourd'hui [mardi] premier avril ». Elle supposerait donc une existence de volumes brochés à Bruxelles dès le 29 mars (et sûrement pas le 30 qui était un dimanche). Or au même moment, Hugo et Lacroix étaient en pleine tractation épistolaire pour régler cette délicate question de la date de parution prochaine : « Mon cher maître, écrivait Lacroix le 30 mars, nous avons tout combiné pour le 4 avril, (...) il faut qu'à Paris l'ouvrage paraisse aussi cette semaine ». De son côté Hugo, le 1er avril, avertissait son éditeur : « on prétend que le livre qui ne peut (...) paraître à Paris que le 7, paraîtra le 3 partout ; de sorte que Paris, cœur du succès, serait servi le dernier. Ce serait là une faute incalculable. Paris servi après tout le monde, c'est le succès attaqué à sa source ». Tandis qu'à Paris, Meurice, Vacquerie et Pagnerre précipitent la parution française pour contrer les belges qui « ont tenté de jouer un tour » aux français, comme le rapporte Adèle à son mari, à Guernesey, Hugo hausse le ton auprès de son éditeur en martelant l'importance de l'édition française : « la simultanéité, bien ; mais s'il devait y avoir une priorité, c'était pour Paris. » Quid de la parution bruxelloise en mars ? Aucune autre mention que l'aventure de Siraudin (relatée par Adèle qui le tient de Vacquerie rapportant les propos de Parfait à Meurice) ne confirme sérieusement cette hypothèse. Les journaux belges, principale préoccupation du clan parisien : « les journaux de Paris ne se soucieraient pas d'annoncer ce livre (...) après les journaux belges et de devenir leur déversoir et leur succursale », ne font encore aucune relation de cette œuvre très attendue, sinon l'Indépendance Belge qui annonce tour à tour le 30 mars : « En vente chez tous les libraires » et le 1er avril : « Demain paraît enfin la première partie des Misérables ». Conformément à la stratégie éditoriale de Hugo, les premiers extraits de l'œuvre ne seront publiés que le 2 avril, notamment dans Le Temps qui annonce depuis la veille une parution simultanée en France et en Belgique le 4 avril, et dans Le Journal des Débats, où l'article signé Jules Janin est en fait de la main de Meurice, en raison de l'urgence décrite par Adèle : « Je ne puis parler du livre ce soir puisque je ne le connais pas, dit Janin, faites vous-même la chose, Meurice. ». Y a-t-il eu alors véritablement une publication belge en mars, ou les quelques exemplaires qui ont sans doute en effet circulé avant la parution officielle et simultanée en France et en Belgique ne sont qu'un accident isolé et sans signification ? L'étude de la correspondance de Hugo montre qu'en fait de mauvais « tour » des Belges, il s'agit simplement d'une confusion de dates imputable à ... Victor Hugo lui-même. C'est en effet Hugo qui a transmis de fausses intentions de parution simultanée le 7 avril à Vacquerie et Meurice, alors qu'il avait pressé Lacroix pour que tout fut prêt le 4 avril. Il a ainsi semé le doute et l'incompréhension chez les deux éditeurs. (cf. Bernard Leuilliot, Victor Hugo publie les Misérables, p. 240) Les deux premiers tomes, intitulés Fantine, seront finalement mis en vente le 3 avril, en France, en Belgique, mais également en Allemagne et dans de nombreux autres pays ayant reçu les exemplaires imprimés par Lacroix. Sans doute est-ce un de ces exemplaires brochés en avance pour être expédiés jusqu'en Amérique Latine que s'est procuré Siraudin. Lacroix informait justement Hugo le 30 mars : « tout est tiré, tout était broché et les expéditions pour l'étranger en partie faites ». Il n'y a donc pas lieu de supposer une quelconque antériorité d'une édition sur l'autre. Et c'est en parfaite entente qu'Adèle, Charles, Paul de Saint-Victor, Vacquerie, Lacroix et Pagnerre fêteront le 3 avril au soir chez Meurice l'« éclatante victoire simultanée en tous pays, le jour même de la mise en vente à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Milan, à Naples, à St. Pétersbourg » comme l'écrit Lacroix le soir même à l'écrivain qui vient de le faire entrer dans l'histoire de l'édition. Le succès est tel pour ces deux premiers volumes que, comme le craignait Victor Hugo, le tirage (6.000 exemplaires selon Hovasse et 7.000 selon L.C. Michel in la revue anecdotique du 15 avril 1862) de Pagnerre est épuisé très rapidement : « Le 6, on eût battu toutes les librairies de la rive gauche et de la rive droite, pour en trouver un exemplaire ». On puise donc 1.000 exemplaires dans les 5.000 exemplaires de Bruxelles destinés au marché belge et étranger, pour créer une fausse « deuxième édition » française qui est en réalité l'édition originale belge avec une nouvelle page de titre. Mais dès le 10 avril, Pagnerre est obligé de réaliser un nouveau tirage, qui sera prêt le 17 grâce aux empreintes prudemment réalisées par l'imprimeur Claye lors du premier tirage. Seules les pages de titre sont réalisées « sur le mobile » en rouge et noir avec des capitales antiques « un des joyaux de son matériel typographique ». En tout, si l'on en croit les chiffres sans doute trop optimistes (d'après Hovasse) de la Revue anecdotique et la correspondance des éditeurs, les différents tirages de cette première partie seront de près de 15.000 exemplaires à l'adresse parisienne et 12.000 à l'adresse bruxelloise, plus 3.000 exemplaires imprimés à Leipzig chez Steinacker. Cette dernière, parue en petit format, également dès le 3 avril, mériterait sans doute une plus grande attention, car en plus de participer des éditions originales, elle répond à une demande pressante de Hugo de proposer immédiatement une édition bon marché pour permettre à tous d'accéder à son œuvre, comme celle qu'établira Lacroix, peu après. La seconde et troisième partie paraîtront en revanche avec un léger décalage, le 15 mai à Paris, et entre le 16 et le 19 mai à Bruxelles, à cause d'un fâcheux accident de machine à vapeur (cf. lettre de Lacroix à Hugo du 11 mai 1862). Heureusement, le 30 juin, Bruxelles et Paris seront parfaitement synchrones pour faire paraître les quatre derniers volumes. Toutefois, le concept d'édition originale n'est pas qu'une affaire de date. Les défenseurs de la thèse belge soulignent que c'est à Bruxelles que sont envoyées les corrections des épreuves et que, comme l'affirme paradoxalement Vicaire, Pagnerre n'est que le « dépositaire » du véritable et unique éditeur, Lacroix et Verboeckhoven & Cie. Dès 1936, Georges Blaizot rétorquait dans Le Bulletin du bibliophile que Pagnerre n'a aucunement pris l'ouvrage de Lacroix en dépôt, mais qu'il « a véritablement établi, imprimé et vendu une édition des Misérables ». Réduire Pagnerre à un relais territorial consiste en fait à méconnaître la complexité de l'aventure éditoriale de cette œuvre majeure, dont l'enjeu n'est pas, pour le poète exilé, une simple affaire financière. Avec Napoléon le Petit et Les Châtiments, Hugo a démontré au pouvoir impérial que le bannissement de l'homme n'entamait en rien la puissance de son verbe. Au contraire, cet exil insulaire ne pouvait que faire écho à celui d'un illustre prédécesseur. La seule arme de l'Etat est donc la censure. Et c'est cette épée de Damoclès qui va désormais commander les stratégies de publication de Hugo et de ses éditeurs. En 1856, la parution des Contemplations est ainsi la répétition générale des Misérables : Association d'éditeurs, publication simultanée en France et en Belgique, correction unique d'épreuves... Hugo songea même déjà à diviser la publication pour duper le censeur : « La 1ère livraison paraît ; c'est le premier livre, Aurore, une géorgique, une bucolique, une églogue. On se jette dessus avec d'autant plus d'avidité qu'on craint que l'ouvrage ne soit interdit et que c'est presque du fruit défendu. Que fera le gouvernement ? Arrêtera-t-il cela ? quoi ! ce livre, Aurore : cette poésie fleur de mauve et rose tendre ? - il serait inouï, fabuleux, grotesque, ineffable de ridicule ; et en même temps que les frais de la tentative du côté des éditeurs seraient six fois moindres, l'odieux de l'instruction serait pour l'empire dix fois plus grand. » Ces précautions, sans doute inutiles pour le sage recueil de poèmes que sont Les Contemplations, seront la matrice de la publication des Misérables, immense cri d'alarme contre les inégalités qui ne pouvait qu'attiser la colère de l'Institution impériale. Il fallait donc nécessairement que le grand œuvre de Hugo déferle sur le monde en une seule et grande vague. Si la censure empêchait l'œuvre de paraître à Paris, elle viendrait de partout ailleurs, et si on lui fermait les frontières, elle serait déjà dans la capitale. Impression multiple, synchronisation et division de l'œuvre étaient la clé de la réussite de cet habile jeu du chat et de la souris. À cette menace s'ajoutait celle plus prosaïque de la contrefaçon qu'il fallait prendre de court. Un mois après la sortie de Fantine, les deux premiers volumes du roman, près de dix éditions pirates circulaient en Europe. Albert Lacroix aurait bien souhaité entreprendre seul cette épopée et diffuser en France ses exemplaires, comme il le fit pour le reste du monde. Hugo, malgré l'insistance de Hetzel - qui le courtisait depuis longtemps pour obtenir ce Graal - avait explicitement choisi ce jeune éditeur belge inconnu et inexpérimenté, au détriment de ses habituels partenaires. Lacroix et Verboeckhoven sont les seuls éditeurs et le font savoir sur chaque volume, belge ou français. Ainsi, en regard des pages de titre de l'édition parisienne est-il inscrit « éditeur : Lacroix et Verboeckhoven & Cie ». Et La Revue Anecdotique de commenter : « L'édition française originale de Paris n'a été faite que pour éviter les formalités de douane. » La réalité est pourtant plus complexe et si Lacroix n'a pu imposer son adresse en pied des pages de titre de l'édition parisienne, c'est que Pagnerre n'est pas un simple relais de l'éditeur belge. Au contraire, Pagnerre est, de fait, le premier détenteur des droits de publication des Misérables. En effet, en 1832, Hugo signe avec l'éditeur de Notre-Dame de Paris, Gosselin, un premier traité promettant son prochain « roman en deux volumes in-8 ». Puis en 1848, ils précisent ensemble, par un nouveau contrat, le titre de ce roman : Les Misères « dont le rythme [d'écriture] est devenu celui d'une période d'achèvement » (Leuilliot, p.18). Mais la révolution de 1848 puis l'exil du poète mirent un terme au « livre des Misères » dont Charles Hugo annonçait l'imminente parution dans L'événement du 31 juillet 1848. Ainsi lorsque, douze ans plus tard, Hugo reprend son œuvre par ces mots : « 14 février (1848) (ici le pair de France s'est interrompu, et le proscrit a continué :) 30 décembre 1860 Guernesey. », il est encore lié à son ancien éditeur dont le successeur n'est autre que Laurent Pagnerre. L'hériter de la maison Gosselin-Renduel n'est d'ailleurs pas inconnu de Victor Hugo puisqu'il fut un des trois associés (avec Hetzel et Lévy) qui publièrent Les Contemplations et est toujours l'éditeur du fils de Hugo, François-Victor. Victor Hugo vend donc son roman à Lacroix, à charge pour lui de négocier avec Pagnerre le rachat des droits au successeur de Gosselin et Renduel. « J'ai vendu aujourd'hui Les Misérables à MM. A. Lacroix et Verboeckhoven et Cie, de Bruxelles, pour 12 années moyennant 240.000 fr. argent et 60.000 fr. éventuels. Ils acceptent le traité Gosselin-Renduel. Le contrat a été signé ce soir. ». Mais plutôt que de vendre ses droits, Pagnerre préfère échanger avec Lacroix son traité de 1832-1848 contre un droit d'exclusivité de la diffusion en France. La valeur symbolique de l'édition de Pagnerre ne cède ainsi en rien à celle de Lacroix, et l'éditeur parisien est, par son histoire, lié aux origines même du roman. Quant aux épreuves, elles sont corrigées sur l'impression belge par la volonté de Lacroix en dépit de l'insistance de Hugo : « songez quel avantage il y aurait pour vous à m'envoyer les épreuves de l'édition de Paris » (Lettre à Lacroix du 12 janvier 1862). Même si Lacroix feint d'ignorer cette proposition, il n'en demeure pas moins que les bonnes feuilles doivent être envoyées à Meurice pour parfaire le travail : « Il importe que l'édition parisienne soit page à page et ligne à ligne identique à l'édition belge. La rapidité et la sûreté des corrections sont à ce prix, et de cette façon Meurice pourra donner les bons à tirer. Autrement, je serais obligé de demander la dernière épreuve de chaque feuille. » Enfin, une archive du fonds Victor Hugo nous apprend que l'auteur avait explicitement demandé à Lacroix sur l'épreuve de la page de titre que soient mises en regard les deux éditions bruxelloises et parisiennes sur une page de titre commune : « Je crois qu'il faudrait mettre sur deux colonnes en regard Paris Pagnerre | Bruxelles A. Lacroix en répétant cela sur la double édition de Paris ». Or, même si Lacroix n'a (volontairement ?) pas retenu la proposition (bien qu'il ait pris en compte les autres corrections de la page), la signification de cette note est limpide : pour Hugo, il n'y a pas deux éditions, mais une seule, dont l'impression devait être divisée en deux lieux stratégiques pour des raisons tout à la fois politiques (le risque de censure de ce brûlot magistral), sociales (la diffusion internationale d'une œuvre à portée universelle) et économiques (le risque de contrefaçon du plus grand romancier du XIXe). Georges Blaizot concluait en 1936, que les deux éditions étaient des sœurs jumelles. Il réfutait en cela l'ancienne rumeur prétendant que, dans l'édition parisienne, « un certain nombre de phrases ayant paru dangereuses pour la France, ont été modifiées » (Vicaire). Cette croyance est cependant imputable à une malheureuse erreur de Victor Hugo lui-même qui, le 24 décembre 1865, écrivait à Verboeckhoven : « Il va sans dire encore que si un mot ou une ligne semblait dangereuse pour Paris, il faudrait l'éliminer, comme on a fait pour Les Misérables, édition Claye ». Or Georges Blaizot souligne qu'il s'agit là d'une mauvaise mémoire de Victor Hugo et que, grâce à la relecture attentive de Meurice et Vacquerie, qui « tenaient avant tout à ce que l'édition de Paris ne fût pas inférieure à l'autre », il n'y eut aucune coupe unilatérale. « Victor Hugo aura ignoré ou oublié ce détail. » (Dr Michaux cité par G. Blaizot). Pourtant, il y a bien des différences (échappées à l'attention de ces bibliographes) entre les deux éditions, mais ce ne fut pas au détriment de la version parisienne, bien au contraire. C'est en effet à son meilleur ami et factotum Paul Meurice, qui, durant les dix-huit années de l'exil, fut responsable de la publication, des relectures et des corrections des œuvres de Victor Hugo en France et donc de l'édition Pagnerre des Misérables, que l'écrivain communiqua ses ultimes corrections, non de simple forme, mais de fond. Ces corrections seront transmises également à Lacroix, mais trop tard, et l'éditeur belge avertit Hugo que celles-ci n'apparaîtront que dans sa seconde édition. C'est ainsi que l'édition de Pagnerre se vit enrichie de deux modestes mais signifiantes réflexions qui font défaut à l'édition bruxelloise, dans l'important chapitre de Waterloo : « Le fond de ce prodigieux capitaine, c'était l'homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait : Tel de nos boulets a tué six hommes. » ; « Tel point du champ de bataille dévore plus de combattants que tel autre, comme ces sols plus ou moins spongieux qui boivent plus ou moins vite l'eau qu'on y jette. On est obligés de reverser là plus de soldats qu'on ne voudrait. Dépenses qui sont l'imprévu. ». Plus que des sœurs jumelles, donc, les deux impressions sont une seule et même œuvre éditoriale qui porte et incarne l'ubiquité de leur immense auteur. Seul sur son rocher, et pourtant omniprésent, Hugo envahit l'espace public, poétique et politique avec une tragédie romanesque universelle qui traverse les continents (pas moins de neuf traductions en cours dès avril 1862). Véritable soufflet à l'Empire de Napoléon III, l'œuvre de Victor Hugo s'inscrit immédiatement et irrémédiablement comme un mythe laïc fondateur, illustrant la devise républicaine de 1848 puis de 1879 : Liberté - Egalité - Fraternité. Rare exemplaire de l'édition originale belge sans mention établie en reliure uniforme anglaise de l'époque. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Victor HUGO Les Misérables A. Lacroix & Verboeckhoven & Cie, Bruxelles 1862, 14,5x22cm, 10 bound volumes. First edition without statement published concomitantly with the Pagnerre's Paris edition. Bound in half blue sheepskin, spine in four compartments decorated with double gilt fillets, blue paper plates, marbled paste-down and endpapers, mottled edges, English bindings of the time. Scattered foxings, title page of the third volume slightly and marginally soiled, paper plates a little rubbed and a few tears on some edges, some joints repaired. The first edition of Les Misérables was legally created by three different publishers, Pagnerre in France, Lacroix in Belgium and Steinacker in Germany, under the aegis of the official publisher A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. The question of the prevalence of one edition over the other has long stirred the bibliophilic world and bibliographers remain divided on this thorny issue. Carteret and Vicaire, for example, ensured that the Paris edition should be preferred, whereas Vanderem and Clouzot placed the Belgian edition first. More than just a matter of chronology, this bibliographical dispute reveals the complexity of the concept of the first edition and the symbolic importance its holds for literary history and, in particular, for this masterful work which is among the most important in world literature. Strangely, without this question really being settled, the Brussels edition is commonly described as pre-Paris, whereas the Leipzig edition is simply ignored. Les Misérables would, therefore, be published on 30 or 31 March with Lacroix and 3 April with Pagnerre. The arguments of this Belgian precedence are, however, all refutable, and from 1936, Georges Blaizot had demonstrated its fragility. The first argument is based on a letter by Victor Hugo addressed to Lacroix from 1865 and in which the poet himself called the Belgian edition ""princeps"" ""first"": ""Typographiquement, il faut se régler en tout sur l'édition belge princeps des Misérables, en dilatant plutôt qu'en resserrant"" ""Typographically, it is necessary to be totally attuned with the first Belgian edition of Les Misérables, expanding rather than tightening"" he wrote on the subject of the Travailleurs de la mer which will be published in 1866. Yet, Hugo's designation is by no means a bibliographical indication, as Georges Blaizot explains, denouncing the abusive interpretation of P. de Lacretelle and Dr Michaux: ""?Le poète précise un point, un seul, très simple, très clair, très précis?: l'édition belge princeps (c'est-à-dire la première parue des éditions belges) doit servir de type aux éditions futures. Il dit cela, il dit bien cela, il ne dit que cela."" ""The poet specifies one point, one, very simple, very clear, very precise: the first Belgian edition (i.e. the first published of the Belgian editions) must serve as a type for future editions. He says that, he says that clearly, he says only that."" (Georges Blaizot in Le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1936). Indeed, a more modern in-12 edition will follow the famous in-8 edition in October of the same year. The second argument is more significant. It is based on a letter by Adèle Hugo to her husband recounting the extraordinary affair of the French publication four days before the scheduled date. This letter will be partially reproduced in 1904 in the complete works published by Meurice and Simon, with the supposed date of ""[31 March 1862]"". In it, Adèle recounts the reasons for the French publishing haste: ""Auguste [Vacquerie] nous apprend que Les Misérables paraissent sous trois jours. Étonnement mêlé de satisfaction. Auguste me raconte qu'ils comptaient faire paraître Les Misérables le 7 avril?; que le matin [Noël] Parfait était accouru effaré chez [Paul] Meurice lui dire qu'il sortait de voir aux mains de [Paul] Siraudin, un exemplaire des Misérables qu'il avait acheté la veille à Bruxelles."" ""Auguste [Vacquerie] tells us that Les Misérables will be published in three days. Astonishment mixed with satisfaction. Auguste tells me that they intended to publish Les Misérables on 7 April; that in the morning [Noël] Parfait had run in alarm to [Paul] Meurice to tell him that he went out to see a copy of Les Misérables in the hands of [Paul] Siraudin that he had bought the day before in Brussells."" This testimony and the dating of the letter in these publisher's notes are no doubt at the origin of the assertion that the Belgian publication came first. In fact, it is undeniable that on this date, the French edition has not yet been published since the printer Claye will not deposit the two Parisian volumes at the National Archives until the next day, 1 April 1862. The Lacroix edition would therefore, in this sense, be the true ""first"". Adèle's letter was not, in fact, written on 31 March, but over three days: ""commencée dimanche (donc le 30 mars) et finie aujourd'hui [mardi] premier avril"" ""started Sunday (therefore 30 March) and finished today [Tuesday] first of April"". She would therefore assume the existence of paper bound volumes in Brussels from 29 March (and certainly not on 30 March, which was a Sunday). Yet, at the same time, Hugo and Lacroix were in the midst of epistolary negotiations to settle this delicate issue of the next publication date: ""?Mon cher maître, écrivait Lacroix le 30 mars, nous avons tout combiné pour le 4 avril, [...] il faut qu'à Paris l'ouvrage paraisse aussi cette semaine"" ""My dear sir, Lacroix wrote on 30 March, we have everything together for 4 April, [...] the work must also be published in Paris this week"". For his part, Hugo, on 1 April, warned his publisher: ""on prétend que le livre qui ne peut [...] paraître à Paris que le 7, paraîtra le 3 partout?; de sorte que Paris, cœur du succès, serait servi le dernier. Ce serait là une faute incalculable. Paris servi après tout le monde, c'est le succès attaqué à sa source"" ""it is claimed that the book, which cannot [...] be published in Paris until the 7th, will appear everywhere on the 3rd; so that Paris, the heart of success, would be served last. This would be an incalculable mistake. Paris served after everyone else is attacking success at its source"". While in Paris, Meurice, Vacquerie and Pagnerre speed up the French publication to counter the Belgians who ""ont tenté de jouer un tour"" ""tried to play a trick"" on the French, as Adèle reports to her husband, in Guernsey; Hugo raises the tone with his publisher by hammering home the importance of the French edition: ""?la simultanéité, bien?; mais s'il devait y avoir une priorité, c'était pour Paris"" ""simultaneity, fine; but if there were to be a priority, it would be Paris"". What about the Brussels publication in March? There is no other mention, other than Siraudin's affair (told by Adèle who takes it from Vacquerie recounting Parfait's words to Meurice) that seriously confirms this theory. The Belgian newspapers, the Parisian clan's main concern: ""les journaux de Paris ne se soucieraient pas d'annoncer ce livre [...] après les journaux belges et de devenir leur déversoir et leur succursale"" ""the Paris newspaper would not worry about announcing this book [...] after the Belgian newspapers and becoming their outlet and their branch"", did not yet form any link to this highly anticipated book, other than Indépendance Belge which announced in turn on 30 March: ""En vente chez tous les libraires"" ""For sale in all bookshops"" and on 1 April: ""Demain paraît enfin la première partie des Misérables"" ""Tomorrow the first part of Les Misérables is finally published"". In accordance with Hugo's editorial strategy, the first extracts of the work will not be published until 2 April, notably in Le Temps, which the day before announces the simultaneous publication in France and Belgium on 4 April, and in Le Journal des Débats, where the article signed Jules Janin was in fact written by Meurice, due to the urgency described by Adèle: ""Je ne puis parler du livre ce soir puisque je ne le connais pas, dit Janin, faites vous-même la chose, Meurice."" ""I cannot speak about the book this evening since I don't know it, said Janin, do it yourself, Meurice."". Was there then really a Belgian publication in March, or were the few copies that probably circulated before the official and simultaneous publication in France and Belgium an isolated and insignificant accident? Studying Hugo's correspondence shows that as a result of a bad ""trick"" by the Belgians, it is simply a question of a confusion of dates attributable to... Victor Hugo himself. It is indeed Hugo who sent false intentions of simultaneous publication on 7 April to Vacquerie and Meurice, while he had rushed Lacroix for everything to be ready on 4 April. Thus, he sowed doubt and misunderstanding among the two publishers. (cf. Bernard Leuilliot, Victor Hugo publie les Misérables, p. 240) The first two volumes, titled Fantine, will finally go on sale on 3 April, in France, Belgium, and also in Germany, and in several other countries that received copies printed by Lacroix. Probably, it was one of these advance paper bound copies to be shipped to Latin America that Siraudin obtained. Lacroix informed Hugo precisely on 30 March: ""tout est tiré, tout était broché et les expéditions pour l'étranger en partie faites"" ""everything is printed, everything was paper bound and the shipments for foreign countries in part made"". There is therefore no reason to assume any anteriority from one edition to the other. And it is in perfect harmony that Adèle, Charles, Paul de Saint-Victor, Vacquerie, Lacroix and Pagnerre will celebrate, on the evening of 3 April at Meurice's, the ""?éclatante victoire simultanée en tous pays, le jour même de la mise en vente à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Milan, à Naples, à St. Pétersbourg"" ""the brilliant simultaneous victory in all countries, the very day of release in Paris, in Brussels, in London, in Naples, in St. Petersburg"" as Lacroix writes that very evening to the writer who had just become part of publishing history. The success is such for these first two volumes that, as Victor Hugo feared, the Pagnerre's print run (6,000 copies according to Hovasse and 7,000 according to L.C. Michel in la revue anecdotique on 15 April 1862) sold out very quickly: ""Le 6, on eût battu toutes les librairies de la rive gauche et de la rive droite, pour en trouver un exemplaire"" ""On 6 April, we would have scoured all the bookshops on the left bank and the right bank to find a copy"". Therefore, 1,000 copies of the 5,000 copies for Brussels intended for the Belgian and foreign market were obtained to create a false French ""second edition"", which is in reality the Belgian first edition with a new title page. However, from 10 April, Pagnerre is obliged to undertake a new print run, which will be ready on the 17th thanks to the imprints carefully produced by the printer Claye during the first print run. Only the title pages were produced ""on the mobile"" in red and black with antique capitals ""un des joyaux de son matériel typographique"" ""one of the jewels of its typographic material"". In all, if we are to believe the probably overly optimistic figures (according to Hovasse) from La Revue anecdotique and the publishers' correspondence, the different print runs of this first part will be almost 15,000 copies at the Parisian address and 12,000 at the Brussels address, with the addition of 3,000 copies printed in Leipzig at Steinacker. The latter, published in small format, also from 3 April, would undoubtedly deserve greater attention, because in addition to participating in the first editions, they respond to an urgent request from Hugo to immediately offer an inexpensive edition to all

Synopsis

Considered one of the greatest novels of the 19th century, Les Miserables (translated variously from French as The Miserable Ones, The Poor Ones, The Wretched Poor, The Victims) is a French historical novel by Victor Hugo. The story follows the struggles of ex-convict Jean Valjean from 1815 through the 1832 Rebellion in Paris. Les Miserables' beloved story of redemption encourages compassion and hope in the face of adversity and injustice.    The epic novel is divided in five volumes, each of which is divided into several books and subdivided into chapters, totaling 48 books and 365 chapters. Les Miserables, as a whole, is one the longest novels ever written with about 1,500 pages in unabridged English editions and 1,900 pages in French. Les Misérables is known to many through its numerous stage and screen adaptations, such as the stage musical of the same name, sometimes abbreviated "Les Mis".

Read More: Identifying first editions of Les Misérables

Reviews

On Aug 25 2014, a reader said:
I've never read such a wonderful novel.

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Details

Bookseller
Rare Books Le Feu Follet - Edition-Originale.com FR (FR)
Bookseller's Inventory #
77887
Title
Les Misérables
Author
HUGO Victor
Book Condition
Used - Fine
Publisher
A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie
Place of Publication
Bruxelles
Date Published
1862
Bookseller catalogs
Literature;
Note
May be a multi-volume set and require additional postage.

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